Corpus Montréal 1984

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[Générique d'ouverture : Logo UdS, en partenariat avec le gouvernement du Québec. En texte apparaît : Corpus Montréal 1984, ainsi que les logos du CRIFUQ et du Fonds de données linguistiques du Québec.]

[L'intervention qui suit se déroule au Centre des mémoires montréalaises, 1210, boulevard Saint-Laurent, Montréal.]

[Diane Vincent, professeure associée, Université Laval] :

Le corpus 84 est un corpus d'entrevues semi-dirigées qui a été fait en 1984 et qui suit le corpus de 1971.

Donc ce qu'on a voulu faire, c'était de retrouver le plus de locuteurs possibles qui avaient été enregistrés en 1971 afin de voir si leur façon de parler avait changé.

Le changement linguistique est un objet d'analyse extrêmement important et avec le corpus 84, on pouvait voir en temps réel comment les individus avaient changé leur façon de parler et à quels facteurs sociologiques on pouvait attribuer le changement en fonction de leur mobilité sociale, en fonction de leur trajectoire personnelle, de scolarité, professionnelle.

Le corpus de 71 avait 120 locuteurs. Nous, on espérait en retrouver 50 ou 60. Finalement, on a eu 60 individus qui ont été interviewés donc 2 fois à 12 ou 13 ans d'intervalle.

En 1984, on a pris les informateurs qu'on a retrouvés. Donc, le quartier n'était pas un critère de sélection. En 71, le critère de sélection des quartiers, c'était la démographie, il fallait que ce soit un quartier qui était à 65 % ou 75 % francophone.

On s'était aperçu en 1971, à partir du corpus de 71, que les individus aiment beaucoup parler d'eux. Ils sont dans une situation privilégiée.

On pense tout le temps à la contrainte de l'entrevue, mais c'est aussi une situation extrêmement favorable parce qu'un individu ordinaire, dont ce n’est pas le travail ou le métier, a toute l'attention d'un intervieweur.

Et il peut élaborer et parler de lui. Donc on s'est aperçu que les individus étaient très généreux dans ce qu'ils donnaient, mais ils étaient très aussi impliqués personnellement dans les discours.

Il pouvait y avoir des éléments dramatiques, mais ils étaient en confiance suffisamment pour raconter les événements, même pénibles, de leur vie.

On a commencé en 73-74 à travailler donc sur les corpus de 71. On connaissait les informateurs par leurs récits, par ce qu'ils racontaient dans les entrevues et on avait quelques informateurs chouchous.

On voulait écouter les cassettes parce qu'on voulait savoir ce qui était arrivé à nos chouchous, si la vie avait été bonne pour eux.

Donc on avait une curiosité qui était strictement humaine et qui n'avait rien à voir avec, ni avec la linguistique, ni avec l'anthropologie, finalement.

Mais c'était une volonté personnelle de savoir ce qui était arrivé à nos chouchous.

Description

Une dizaine d'années après la constitution du corpus Montréal 1971, deux chercheuses ont jugé pertinent de retracer des témoins qui avaient participé à la première collecte de données et de les interviewer à nouveau. Leur but ? Documenter les pratiques linguistiques à deux moments dans la vie de leurs témoins pour mieux étudier le changement linguistique en temps réel. Le corpus Montréal 1984 a permis aux sociolinguistes de se pencher sur les effets de la trajectoire individuelle des locutrices et locuteurs sur leurs pratiques linguistiques.